Premier thème : décrire les prémices d'un combat entre deux armées. Références à Ikariam et à l'alliance possibles.
" La plaine était vaste et sans relief. Le regard se perdait à l'horizon, sans jamais rencontrer d'obstacle. Ici et là, quelques arbres audacieux avait élu domicile et ancraient leurs profondes racines dans le sol humide. Quelques oiseaux parcouraient les airs, l'attention fixée sur le sol, à la recherche d'un banal rongeur assez fou pour avoir creusé son terrier par ici. Le silence était total, pesant, entrecoupé du bruit du vent dans le feuillage des arbres.
Le bruit que fit l'Armée en avançant sur la plaine fit donc l'effet d'un ouragan. Des milliers d'hommes marchaient d'un pas lourd, en désordre, supportant quelques dizaines de kilos de matériel. La colonne s'était élargie en arrivant sur l'étendue d'herbe rase et représentait désormais plusieurs centaines de mètres. S'ajoutant au tapage, le meuglement de centaines de bœufs rendait la scène terrible. Quand on avait connu la tranquillité des lieux, on avait du mal à s'imaginer l'horreur qui lui prendrait la place l'instant d'après.
En effet, l'Armée ne s'était déplacée ni pour le loisir de visiter les lieux, ni pour songer à un quelconque demi-tour, mais bel et bien pour déferler sur Uskutia et en prendre son contrôle.
Dans cet univers sans forme, une seule masse faisait face à l'imposant regroupement : l'armée consœur. Dépêchée à la hâte de la cité, elle avait pris pied de l'autre côté de la plaine une poignée d'heures avant l'arrivée de l'Armée, et avait décidé de se préparer à recevoir le conflit, plutôt que d'aller le chercher. Tout au long du temps dont ils avaient disposé, les hommes avaient couru pour se défendre au mieux. Les archers avaient pris leurs distances, les forgerons avaient affûté les lames, les menuisiers avaient consolidé les larges boucliers en bois des premières lignes ; jusqu'aux cuisiniers, qui préparèrent leurs meilleures portions, suivant les ordres du général Spoy, pour "motiver les troupes".
Et soudain l'Armée était apparue, trois fois plus importante que l'armée uskutianne. La simple vision de cette masse qui paraissait infinie faisait froid dans le dos, et les soldats confrères eurent un imperceptible mouvement de recul, avant de se ressaisir et de faire face.
Le statu quo dura quelques minutes, pendant lesquelles, de chaque côté de la plaine, les soldats des deux bords s'observaient de loin. Puis, sans crier gare, l'enfer arriva.
Trompé par le calme qui régnait à nouveau sur son univers, un jeune corbeau prit son envol d'un chêne planté là. Comme pour marquer son appartenance au lieu, il poussa un long croassement rauque. Il fut très surpris lorsque la réponse qui lui parvint ne fut pas celle d'un autre croassement, mais celle de la mise en marche de milliers d'hommes, qui poussèrent un long cri suraigu marqué par l'excitation.
L'Armée venait de s'élancer. D'abord en marchant, se retenant d'accélérer le pas. Mais lorsqu'un puis deux puis plusieurs soldats se mirent à courir en direction des confrères, les officiers ne purent les retenir, et ce fut bientôt toute l'armée qui s'élança à toute allure vers les premiers rangs confrères. Le général Spoy ordonna :
- Les trois premiers rangs : gardez la position, ne reculez sous aucun prétexte !
En réponse, les boucliers de bois se fichèrent de quelques centimètres dans le sol, créant un haut muret de bois percé de longues piques meurtrières.
À la sollicitation de Spoy, les archers encochèrent une flèche et bandèrent leurs arcs. Lorsque le général baissa son bras, ils décochèrent. Une nuée de traits survola alors un moment la plaine encore pure avant d'amorcer leur descente vers les premiers rangs ennemis et de trouver leur cible. Des dizaines de soldats de l'Armée tombèrent au sol, morts. Les cris de douleur et de détresse remplacèrent bientôt ceux d'énervement et d'excitation. Intraitables, les officiers poussèrent leurs subordonnés à continuer à avancer, n'hésitant pas à sacrifier l'un d'eux pour montrer l'exemple. Devant tant de détermination, le général en second parut flancher :
- Ils se rapprochent à une vitesse trop importante, nous n'aurons pas le temps de réduire leur nombre avant qu'ils ne nous atteignent ! Nous devons agir !
Spoy, à qui la remarque du jeune homme était adressée, et sous le coup de l'émotion, lui répondit d'un ton qu'il aurait voulu plus posé :
- Je sais exactement ce que je fais !
Pourtant pas dupe, le jeune homme sauta de sa monture et traversa promptement les dernières lignes consœurs. En le voyant, beaucoup d'hommes le saluèrent et lui firent place. Il atteignit rapidement les premières lignes et tout en marchant, il ne remarqua pas la nuée de flèches qui faisait réponse à celles tirées par les archers confrères. Un jeune soldat hurla alors :
- Flèches ! Flèches !
Son cri fut reprit par d'autres mais le second n'eut pas le temps de se protéger et lorsqu'il voulut éviter le trait qui le menaçait, il était déjà trop tard. Il ne dut la vie sauve qu'à un vétéran, qui venait de le plaquer au sol et reçut le projectile au creux des omoplates. Lorsqu'il voulut l'aider à se relever, il aperçut enfin que l'homme était mort sur le coup, et son sacrifice lui porta les larmes aux yeux. La mort de ce vieil homme, admirable et héroïque ne devait pas rester vaine. C'est sur ces pensées que le jeune officier se leva, ferma les yeux du soldat et hurla alentour :
- Avec moi !"